•  La filière éolienne à travers le monde

La filière éolienne est aujourd'hui en pleine expansion à travers le monde.

Depuis 1993, la croissance de la puissance installée n'a cessé de s'amplifier. Forte d'une progression annuelle moyenne de 30 % par an depuis 3 ans, l'éolien confirme son rang de première énergie renouvelable en terme de croissance.

A la fin de l'année 2004, ce sont plus de 24 500 MW qui étaient en fonctionnement dans le monde.

L'Europe reste la locomotive du marché mondial de l'éolien avec plus de 13 000 MW installés soit 72% de la capacité totale installée dans le monde. D'un point de vue plus global, 5 pays - l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, le Danemark et l'Inde - représentent 83% de la puissance installée dans le monde.

 

Le bilan de l'énergie éolienne à la fin de l'année 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la majorité de la puissance installée est le fait de quelques pays seulement, on trouve néanmoins des parcs éoliens aux quatre coins du monde. Un autre fait notable de l'année écoulée aura été la progression de l'éolien en France . Avec une croissance de 170% pour un total de 60 MW installés (soit 38 MW supplémentaires), le pays, qui possède le deuxième gisement éolien d' Europe , amorce seulement son développement. Cette dynamique devrait selon toute vraisemblance se renforcer avec l'entrée en vigueur de la nouvelle politique en faveur de l'éolien.

  •  En Europe :

Durant l‘année 2001, la croissance de la capacité installée a été portée en particulier par l'Allemagne (plus 2640 MW), l'Espagne (850 MW), l'Italie (270 MW) et la Grèce (83 MW). Ainsi, au sein de l'Union Européenne, l'Espagne, qui a amorcé son programme de développement éolien en 1994 seulement, se hisse à la seconde place des pays producteurs éoliens. Cette progression est le fruit d'une politique ambitieuse, visant à fournir 12% de la consommation totale d'énergie à partir de sources renouvelables à l'horizon 2010. On observe donc à l'intérieur même de l'Union Européenne de forts contrastes de développement entre les pays.

L'Allemagne, avec plus de 8700 MW implantés représente la moitié de la capacité installée sur le vieux continent.

A l'inverse, l'Irlande, la Grande-Bretagne et en particulier la France où moins de 100 MW sont actuellement en service, apparaissent très en retard sur leurs voisins européens. Paradoxalement, ces pays disposent des meilleurs potentiels éoliens en Europe ( la France se situe en seconde position en termes de gisement éolien, juste derrière la Grande- Bretagne , mais devant l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne ou les Pays-Bas). Il faut donc chercher ailleurs les raisons de cette situation pour le moins contrastée.

La procédure d'achat des kWh éoliens produits en constitue certainement la raison essentielle. Les pays qui ont fixé le prix du kWh éolien à un niveau suffisamment élevé ont vu leur filière progresser. Certains pays ont ainsi mis en place un système garantissant un prix d'achat du kWh éolien prenant en compte les bénéfices environnementaux de cette forme de production d'électricité comparé aux sources de production d'origine fossile (dont le coût de revient annoncé ne prend pas en compte les coûts externes). C'est le cas en particulier de l'Allemagne ou du Danemark et plus récemment de l'Espagne qui ont réussi à faire émerger une véritable industrie, présente sur tous les marchés internationaux, qui emploie des dizaines de milliers de personnes. L'industrie éolienne allemande a ainsi permis la création de 40 000 emplois directs et indirects depuis 10 ans.

•  En France

En France (c'est également le cas de la Grande-Bretagne et de l'Irlande), la procédure adoptée pour établir le prix de vente du kWh a été celle de l'appel d'offre. Ce système s'est exprimé au travers du programme Eole 2005 lancé en 1996 par le Ministère de l'Industrie, qui prévoyait l'installation de 250 à 500 MW éoliens d'ici l'an 2005. L'objectif était d'inciter les industriels à la compétitivité. Les porteurs de projets devaient notamment annoncer, à l'occasion des appels d'offre successifs, à quel prix ils souhaitaient vendre leurs kWh. Pour espérer être sélectionnés, ces derniers ont donc eu logiquement tendance à « tirer » les prix vers le bas. Le prix de vente moyen du kWh éolien en France s'est ainsi établi autour de 34 centimes. Sur les 370 MW sélectionnés à l'issu des différents appels d'offre, seule une cinquantaine est sortie de terre...

Si les conditions tarifaires défavorables ont freiné indiscutablement le développement de l'éolien en France, elles engendrent également des effets directs sur le positionnement des projets. Les porteurs de projet, pour atteindre une rentabilité suffisante, se sont naturellement tournés vers les sites les plus ventés, ce qui a abouti à une concentration géographique des projets sur les zones bien exposées au vent. C'est le cas de notre région, et plus particulièrement du Finistère . Ces zones, situées sur les hauteurs ou la frange littorale, sont des secteurs le plus souvent sensibles sur les plans environnementaux et paysagers, où de nombreux usages coexistent et se côtoient. Sur ces territoires fragiles, une multitude de perceptions et de représentations s'expriment. La concentration territoriale des projets, observée avec le programme Eole 2005 devrait toutefois s'estomper à la faveur du nouveau système d'achat de l'électricité d'origine éolienne.

Enfin, il semble que dans certains cas, les promoteurs n'ont pas fait preuve d'une approche suffisamment sensible vis à vis des habitants et des acteurs locaux en général. Un certain nombre de projets ont ainsi provoqué des réactions d'opposition, qui contribuent aujourd'hui à donner une mauvaise image de la filière éolienne en général et à stigmatiser les réactions de type NIMBY.

 

•  Introduction aux problématiques de l'énergie éolienne

Malgré la simplicité apparente d'une éolienne, les mécanismes de fonctionnement de ce type de machine sont complexes. La grande variation dans la vitesse des vents exige une résistance exceptionnelle des composants : une éolienne est un appareil qui coûte très cher !

Une éolienne ne fonctionne que lorsque le vent souffle. Or, il est actuellement très difficile et excessivement coûteux de stocker l'électricité. Une turbine ne peut donc être utilisée comme seule source d'énergie et il faut, inévitablement, prévoir un autre moyen pour se procurer de l'énergie.

La production d'électricité par énergie éolienne est une industrie mondiale encore très jeune. Les fabricants étaient souvent, il y a quelques années à peine, des artisans. Dans un projet éolien, la première chose à faire est d'évaluer le plus précisément possible le potentiel des vents là où sera installée l'éolienne ou le parc d'éoliennes. Dans beaucoup de régions du monde, le vent est plus fort et plus constant en hiver qu'en été; or, c'est justement en hiver que les besoins d'énergie sont les plus élevés. Parce que le secteur éolien n'est pas relié à l'armement, il n'a reçu que très peu de support en recherche et développement, ce qui force les fabricants à intégrer dans leurs coûts des dépenses élevées pour améliorer constamment la fiabilité et la productivité de leurs machines.

 

•  Coûts et rentabilité

Dans la plupart des pays développés, où le réseau électrique est bien implanté, la production par une petite éolienne n'est pas rentable. Par contre, dans les régions isolées, lorsqu'on se refuse à installer un groupe électrogène et que le site est bien exposé aux vents (moyenne annuelle de plus de 5 m/s), l'énergie éolienne devient alors plus intéressante.

L'investissement ne doit pas être analysé simplement à partir du coût d'achat d'une éolienne, mais aussi en tenant compte des frais d'installation. Quant à l'entretien, il est indispensable, bien que les éoliennes plus modernes présentent des dispositifs scellés et autolubrifiés.

La durée de vie d'une petite éolienne est variable et il s'agit d'une considération un peu théorique si le dispositif porteur (mât, haubans, etc.) ne résiste pas, lui, au premier coup de vent de 130 km/h . En général, de la part de fabricants sérieux, on considère qu'une bonne éolienne de série peut atteindre 15 ans de services, bien que ses pales aient pu être changées pendant cette période.

 

•  Rentabilité - réalité ou illusion :

Rappelons que l'énergie éolienne ne peut être que complémentaire. Elle vient donc plutôt alléger la charge d'un réseau électrique, notamment au moment de grands besoins en énergie (hiver).

La rentabilité de l'énergie éolienne est parfois plus intéressante dans le cas de sites isolés où des génératrices diesel produisent à un coût très élevé : c'est le cas, par exemple, à Saint-Pierre-et-Miquelon (France), aux Îles-de-la-Madeleine (Québec), dans le grand nord ou dans les DOM-TOM. Le « marché » pour l'éolien se situe donc déjà là.

Comparer le coût de l'électricité fournie par EDF ou Hydro-Québec à celui d'origine éolienne peut conduire à un cul-de-sac. Théoriquement, la situation de surplus et de très bas coût des grandes entreprises nationalisées de production d'électricité fait en sorte que l'énergie éolienne est un peu plus chère, tout en frôlant de plus en plus ces tarifs. Mais ces calculs sont largement faussés, car le prix du kWh vendu au citoyen n'inclut pas les énormes subventions, aides et coûts d'intérêts que l'énergie nucléaire, en France, ou même l'hydroélectricité, au Québec, ont pu recevoir.

Pour ne pas rentrer dans une querelle de chiffres qui s'avérerait finalement stérile, et dans l'hypothèse où l'on admette les tarifs officiels actuels, l'énergie éolienne sera effectivement un peu plus coûteuse que les sources nucléaires, fossiles ou hydroélectriques... mais à peine.

Les facteurs combinés de pression à la hausse sur les prix des énergies actuelles installées, et de baisse inévitable des prix du grand éolien, conduisent les plus optimistes à annoncer que l'énergie éolienne va poursuivre sa croissance exceptionnelle.

 

•  Les prix et la rentabilité

Une toute petite éolienne pour un voilier peut coûter à peine 4 000 FF. Le coût minimum d'une véritable éolienne domestique (type 1,5 kW) sera de 25 000 FF. Mais il faut tout prévoir : le coût de l'éolienne proprement dite, celui du mât, du transformateur, etc.

Voici, à titre d'exemple, une grille de prix fournie par le fabricant Bergey en fin 1995 :

Éolienne Bergey de 1,5 kW

Turbine de 1,5 kW, produisant du 24 V c.c.:
(incluant régulateur de voltage)

26 400 FF

Pylône de support en treillis métallique ( 18 m ) :

10 000 FF

Câble électrique de descente :

1 950 FF

Tableau de distribution de 200 A :

1 925 FF

Groupe de stockage - 24 V c.c., 11 kWh :
(8 batteries et deux blocs parallèles)

4 300 FF

Transfo-redresseur :
(1,5 kW, 120 V alternatifs, 60 Hz)

4 700 FF

Total :

49 275 FF

Une éolienne d'un fabricant reconnu et compétent, correctement installée et surveillée, peut durer près de 20 ans, même s'il est vraisemblable que ses pales seront au moins changées une fois durant cette période.

 

•  Un nouveau tarif pour l'électricité éolienne – Nouvelles conditions

Les engagements de Kyoto suivis de la directive européenne sur l'électricité d'origine renouvelable, mais aussi le constat du retard important pris par la France dans la valorisation de son potentiel d'énergie renouvelable, notamment éolien, ont conduit le gouvernement à signer un arrêté amenant le tarif d'achat du kWh éolien au niveau de celui des pays européens les plus avancés dans ce domaine.

Au même moment, la CRE (Commission de Régulation de l'Electricité), saisie de ce projet de décret, à émit un avis défavorable sur le nouveau tarif, jugeant qu'il s'agissait d'un moyen « exagérément coûteux » d'atteindre les objectifs de développement de la filière éolienne d'une part, et qu'il entraînera des « rentes indues » aux producteurs éoliens d'autre part.

 

  Les enjeux de l'énergie éolienne

Les atteintes et les risques que font subir à l'environnement les procédés conventionnels de production d'énergie (émissions de gaz à effet de serre, production de déchets nucléaires etc.) font apparaître le développement des énergies renouvelables comme des choix durables de société. Au-delà des enjeux environnementaux , l'énergie éolienne est également un moyen de revitalisation du milieu rural et notamment une voie nouvelle de diversification des activités agricoles traditionnelles.

Mais l'avenir du développement passe également par des implantations en mer , en particulier pour atteindre des puissances significatives à l'échelle de la balance énergétique d'un pays comme la France.

 

Les enjeux environnementaux

  Le domaine de l'énergie constitue aujourd'hui une véritable problématique à l'échelle mondiale. La consommation d'énergie est en constante augmentation, surtout dans les pays développés, et les différentes études prospectives prévoient qu'elle ne cessera de croître à l'avenir (le conseil mondial de l'énergie estime ainsi que l'on consommera en 2020 deux fois plus d'énergie qu'en 1985 et le triple en 2060). A ce jour, les ¾ de l'énergie consommée dans le monde provient de ressources fossiles (pétrole, charbon, gaz principalement). Selon les technologies et les modes de production utilisés, notamment pour produire de l'électricité, des problèmes se posent en termes environnementaux. Les ressources fossiles, outre le fait qu'elles sont limitées en quantité car non renouvelables à l'échelle humaine, induisent également des rejets de Gaz à Effet de Serre (GAES), avec les conséquences que l'on commence actuellement à dénoncer (la concentration des GAES dans les basses couches de l'atmosphère terrestre agit comme la vitre d'une serre en retenant les rayonnements infrarouges issus de l'énergie du soleil avec pour conséquence probable une augmentation de la température - la concentration " d'équivalent CO2 " dans l'atmosphère a doublé depuis la révolution industrielle et parallèlement la température a augmenté de 0,6° C depuis la fin du 19ème siècle). Le nucléaire quant à lui produit des déchets qu'aucune technologie actuelle ne peut permettre de traiter.

Le développement des EnR, non polluantes et aux ressources illimitées, combiné à une meilleure efficacité énergétique, répond à une logique de développement durable. A ce jour, les éoliennes installées dans le monde ont permis d'éviter l'émission de plusieurs dizaines de millions de tonnes de CO2, d'oxyde d'azote et de dioxyde de soufre chaque année. On estime que chaque kWh produit par les éoliennes permet d'éviter la propagation de 800 grammes de CO2, de 10 grammes de dioxyde de soufre et 3,4 grammes d'oxyde d'azote (source : British Wind Energy Association).

Le CO2 contribue à l'effet de serre indépendamment de son origine. L'attrait des centrales nucléaires reposerait, selon certains, sur l'absence d'émissions de gaz carbonique. Aussi faut-il prendre en compte l'ensemble des opérations depuis l'extraction de l'uranium jusqu'à l'utilisation de l'énergie, en passant par les stades de transformation. De plus, l'édification des centrales, nécessitant divers matériaux comme l'acier ou le ciment, entraîne des quantités indirectes de dioxyde de carbone. Selon un dossier de L'Öko-Institut de Darmstadt (Allemagne), publié en avril 1996, un kilowattheure nucléaire "libère", selon les estimations les plus basses, 28 grammes de CO2. D'autres études font état d'une fourchette de 30 à 160 grammes .

A l'inverse, l'énergie éolienne, qui utilise la seule force du vent pour produire du courant ne génère aucun rejet dans l'atmosphère (pas de CO2, pas de polluants libérés). Le temps de récupération du CO2 émis lors de la fabrication des éoliennes, peut être calculé à partir de l'estimation suivante : en 20 ans de fonctionnement, une éolienne produit 80 fois la quantité d'énergie qui aura été nécessaire à sa fabrication, à son installation et à son démantèlement. En d'autres termes, il faut 3 mois de fonctionnement en moyenne à une éolienne pour produire l'énergie qui a été nécessaire à sa conception.

La situation énergétique française, unique au monde avec 80% de l'électricité produite à partir de la technologie nucléaire, ne fait que stigmatiser le nécessaire développement des sources d'énergies naturelles. En effet, dans notre pays, chaque année, des milliers de tonnes de déchets dont la durée de vie en termes de toxicité peut atteindre des milliers d'années sont produits et doivent être stockés, faute de pouvoir être recyclés. Par ailleurs, tout le monde s'accorde aujourd'hui à reconnaître que l'électricité d'origine nucléaire, au même titre que celle issue des ressources fossiles, n'est pas économiquement aussi rentable que l'on veut bien le faire croire : Quelle prise en compte des coûts d'étude en amont du nucléaire, pris en charge par les budgets publics ? Quelle prise en compte des coûts futurs liés au démantèlement des centrales actuelles et au stockage (pour ne pas parler du retraitement) des déchets radioactifs ? Quelle prise en compte des risques liés à la manipulation et à la dissémination des matières radioactives ? Quelle prise en compte des coûts sur la santé et l'environnement ?

Pour réduire les risques à long terme que font peser sur l'homme et son environnement l'industrie nucléaire et l'utilisation de ressources fossiles, il existe deux alternatives : les économies d'énergies (ou l'efficacité énergétique) et la diversification énergétique. Les éoliennes entrent pleinement dans ce cadre puisqu'elles sont de véritables unités de production électrique décentralisées. Le recours à l'énergie éolienne doit permettre à notre pays de s'engager sur la voie de la diversification de la production énergétique.

Outre ses avantages au niveau global (pas d'émission de gaz à effet de serre ou autres polluants atmosphériques, pas de déchet…), l'exploitation éolienne peut être bénéfique à l'échelle locale, pour les acteurs du territoire concerné. La mise en valeur de l'énergie éolienne permet ainsi la création de richesses en zone rurale, et peut contribuer à son développement et à sa revitalisation

 

Développement régional et création d'emplois

Le coût de construction, et donc le prix final de cette énergie, est aussi influencé par la bonne intégration des projets éoliens à l'économie régionale. Plusieurs entreprises locales peuvent construire des éléments coûteux : fondations, mâts, etc. La création locale d'emploi est alors une retombée économique importante d'un projet.

L'implantation d'éoliennes peut être justifiée par une zone qui possède un potentiel éolien considérable (comme dans certaines régions du Mexique), par un site isolé qui n'est desservi que par des génératrices diesel, ou encore dans une région qui produit peu d'électricité, mais qui a des besoins importants.

En France, les régions où l'installation d'éoliennes se répand sont l'Aude (Sud) et le Nord-Pas-de-Calais. Mais des études existent pour la Bretagne ou l'embouchure de la Gironde . Les DOM-TOM et des sites comme Saint-Pierre-et-Miquelon présentent également des besoins importants en énergie éolienne, mais peuvent poser des problèmes : trajets d'ouragans ou conditions hivernales difficiles.

 

Devenir producteur indépendant d'électricité ?

 

Il existe des coopératives, au Danemark , qui réunissent des citoyens désireux de se doter d'un moyen de production d'énergie propre et écologique. Ils réussissent ainsi à acquérir une ou plusieurs éoliennes, à en gérer les frais de façon partagée et vont même parfois jusqu'à revendre l'électricité excédentaire au réseau national d'électricité.

En dehors de telles initiatives, la plupart des pays occidentaux interdisent la vente d'électricité par des individus. La principale raison est technique : il faut absolument stabiliser le courant électrique fourni avant de l'intégrer au réseau de transport, sous peine de créer des problèmes dans le réseau principal.

En résumé, vous pouvez toujours fabriquer de l'électricité pour vous, mais vous n'avez, en général, ni le droit de le vendre, ni même celui d'interconnecter votre dispositif personnel au réseau.

 

A propos des externalités


Soyons clair, l'éolien n'a pas vocation à lui seul à remplacer une production de masse de l'électricité (en l'occurrence, le nucléaire), mais à s'inscrire dans une démarche de diversification et de décentralisation des sources d'électricité, dans une recherche d'un développement plus durable. Si on admet cela, la stricte comparaison des coûts n'est qu'un élément parmi d'autres pour apprécier la pertinence du nouveau tarif.

Si cette comparaison doit être faite, elle nécessiterait au moins, pour être valide, une valorisation correcte des externalités.

Dans sa démonstration concluant au tarif « exagéré » consenti au kWh éolien, la CRE ne conteste pas la notion d'externalité environnementale associée aux modes de production d'électricité conventionnels, à savoir : centrales thermiques à combustibles fossiles et nucléaires.
Bien au contraire : ces externalités sont chiffrées, elles peuvent être ajoutées aux coûts de production des kWh conventionnels et le comparatif final est sans appel : 20 à 22 centimes au kWh nucléaire, 31 à 50 centimes au kWh gaz (centrales à cycle combiné, les moins polluantes) contre environ 46 centimes au kWh éolien moyen, consécutivement au nouveau tarif !

Outre que cette démonstration ne s'appuie effectivement que sur des considérations économiques (une fois les externalités chiffrées), on ne peut s'empêcher de faire les remarques suivantes :

- en matière de pollution de l'air et de gaz à effet de serre, comment douter que l'évaluation des externalités (4 à 24 centimes par kWh) reste un exercice hautement hasardeux tant les effets induits actuels et surtout leur évolution dans le temps échappent à toute mesure et à tout contrôle.
- s'agissant du nucléaire l'externalité est évaluée entre 0,2 et 1,6 centimes par kWh !

On voit ici qu'officiellement, le nucléaire n'a donc pratiquement aucune externalité. En attendant toujours un improbable vote par le parlement d'une loi dite de « transparence du nucléaire », on pouvait déjà douter que le coût final du nucléaire intègre réellement le montant du budget public englouti en 40 ans de recherche nucléaire civile, le coût réel du retraitement, le coût futur du démantèlement et le coût de la gestion des déchets sur des générations. On est maintenant sûr que le risque nucléaire n'est pas considéré, en tout cas comme externalité. Mais en effet, on voit mal par exemple, à la lumière des tragiques événements récents, comment intégrer l'effrayante vulnérabilité aux attaques terroristes d'un pays couvert de réacteurs nucléaires.

 

Rentes indues


Que l'éolien soit devenu plus rentable aujourd'hui qu'hier, personne n'en doute. Pour autant, peut-on parler de rente indue comme le fait la CRE dans sa conclusion, qui estime le taux de rentabilité interne de l'éolien à plus de 20 % par an sur 15 ans ?

Le nouveau tarif n'a évidemment pas été établi de façon arbitraire, mais bien sur la base d'une rentabilité attractive pour les investisseurs et propre à assurer un développement rapide de la filière.

La rentabilité d'un parc est déterminée par 3 éléments : l'investissement initial, le potentiel éolien du site (même si ce facteur est pondéré par la modulation du tarif à la baisse en fonction de la production constatée) et le coût d'exploitation.

La base investissement couramment utilisée aujourd'hui (y compris par la CRE ) est d'environ 7000 F/kW installé. Sur cette base, il est à noter que pour arriver à un TRI de 20 %, il doit y avoir à la fois un bon site (facteur de charge supérieur à 2600 heures) et un coût d'exploitation de l'ordre de 250 F par an et par kW installé.

Or les bons sites, même s'ils ne sont pas rares en France, restent peu accessibles à l'éolien et le seront de moins en moins (saturation mais surtout contraintes paysagères), c'est d'ailleurs un des objectifs du nouveau tarif que de permettre un accès de l'éolien à des sites moins ventés, sites qui resteraient exclus dans une logique d'appel d'offre à rentabilité minimale (voir à ce sujet l'échec d'EOLE 2005).

D'autre part, dans une étude menée récemment, le DEWI (Deutsch wind energie institut) a montré que le coût moyen d'exploitation des parcs allemands se situaient autour de 360 F par an et par kW. C'est à dire très au-dessus de la valeur moyenne retenue par la CRE dans ses calculs.

Dans ces conditions, un TRI de 20 % devient exceptionnel, et la rentabilité de l'éolien reste mesurée, ce qui ne veux pas dire qu'elle n'est pas attractive (dans la plupart des cas, le TRI dépasse les 10 %), comme en témoigne d'ailleurs la multiplication des projets à laquelle on assiste actuellement. Après tout, c'était bien le but recherché.

Force est cependant de constater que cela ne va pas sans poser quelques problèmes…

 

Une appropriation locale des projets


L'énergie éolienne est une belle énergie, plébiscitée par une majorité de citoyens, elle est rentable, elle devrait se développer en France, tant mieux. Encore faudrait-il prendre garde, notamment par une approche trop exclusivement centrée sur la logique financière et par des pratiques inadaptées, à ne pas tuer dans l'œuf ce bel élan.

Le capital de sympathie dont bénéficie aujourd'hui l'éolien est fragile. Cette sympathie se traduit souvent par le souhait des populations locales de participer activement, non seulement à la démarche de concertation mais également au financement des projets , (suivant en cela les exemples danois ou allemand). Quoi de plus normal que de vouloir s'approprier un projet auquel on adhère ?

Or aujourd'hui, sauf rares exceptions, la plupart des projets français en cours se font en dehors de cette approche participative et de nombreuses critiques se font jour quant à la façon dont sont conduits ces projets. Le manque de concertation, la politique du fait accompli, la spéculation sur les sites et leur réservation à marche forcée, la politique de la terre brûlée, menée souvent pour le compte exclusif d'investisseurs obscurs et lointains, ne sont pas de nature à capitaliser la sympathie dont bénéficie, a priori, l'éolien. Privés d'appui local, les projets se retrouvent souvent confrontés aux seuls arguments d'opposants minoritaires (pour qui impact visuel vaut systématiquement destruction du paysage).

Ne pas prendre en compte cette approche participative et cette volonté d'appropriation locale des projets, pour des raisons probablement d'ordre plus culturel que technique ou économique, pourrait bien à terme conduire à la remise en cause du développement de l'éolien en France.

 

Investissement coopératif

  Les éoliennes peuvent appartenir à des particuliers, à l'instar de ce qui se pratique couramment dans les pays d'Europe du nord.

Pour illustrer le cas de l'investissement coopératif, nous prendrons exemple sur le Danemark. Dans ce pays, les éoliennes appartiennent à des personnes individuelles, des coopératives privées et des compagnies d'électricité. Quelques aérogénérateurs appartiennent également à des entreprises industrielles privées et à des collectivités. En tout, ce sont plus de 5500 éoliennes qui sont implantées dans ce pays. L'énergie éolienne couvre actuellement presque 15% de la consommation électrique danoise. A l'horizon 2030, 50% de la consommation d'électricité au Danemark proviendra de sources renouvelables, avec en particulier l'implantation programmée de 4000 MW éoliens en offshore.


L'implication financière des populations locales a joué un rôle majeur dans le développement de l'énergie éolienne au Danemark. L'investissement local a été politiquement soutenu et encouragé. En effet, 80 % des éoliennes implantées au Danemark appartiennent à des particuliers, propriétaires uniques des machines ou en coopératives. Ces particuliers, parmi lesquelles figurent de nombreux agriculteurs, tirent un revenu d'appoint de l'exploitation du vent en vendant l'électricité produite aux compagnies d'électricité.

Ce mode de développement a également constitué un atout indéniable en termes d'appropriation locale des projets et a permis d'en assurer une bonne acceptation. Si les éoliennes participent à la protection de l'environnement global, elles ne sont pas neutres sur l'environnement local (évolution paysagère en particulier). Le financement d'éoliennes par les riverains, regroupés au sein de coopératives d'investissement (achat de parts), a été encouragé.

Durant les années 80 et jusqu'au début des années 90, la plupart des éoliennes était installée par des coopératives. Depuis le milieu des années 90, ce sont principalement les agriculteurs qui ont installé les éoliennes détenues individuellement.

Toutefois, il est prévu que le marché danois soit à l'avenir porté majoritairement par des investisseurs institutionnels, ceci en raison des modes de financement complexes dans le cadre des futurs contrats. Cette forme d'ingénierie financière sera nécessaire pour que le marché vert de l'électricité se mette en place. L'industrie éolienne danoise prévoit en effet que les futures négociations sur les prix induiront un manque de visibilité pour les petits investisseurs, de telle manière que les investisseurs internationaux (qui pourront notamment bénéficier d'économies d'échelle) vont progressivement remplacer les formes de propriété locale au Danemark.

Néanmoins, l'investissement coopératif est encore très répandu aujourd'hui dans ce pays, ce qui facilite largement l'acceptation locale des projets. Les riverains d'un parc éolien ont ainsi la possibilité d'acheter des parts dans une ou plusieurs éoliennes, et leur implication financière participe à l'appropriation collective des projets et au-delà à leur acceptation locale.